Quand y en a plus, y en a encore. C’est vrai que la semaine dernière nous vous avions annoncé la fin des interviews avec celle d’El Astico. Mais comme le rappel à la fin d’un concert, nous revoilà avec la vraie toute dernière interview, celle d’un homme de l’ombre. Les hommes de l’ombre ont toujours existé. Ils joue souvent ce rôle tantôt ingrat, tantôt planqué en participant à divers projets ou organisations sans que le commun des mortels ne connaisse leur existence. Dans le cas de Christopher Keo, c’est un rôle essentiel surtout en tant que conseil ces deux dernières années. C’est un peu un hommage que l’on lui rend mais c’est également un retour d’expérience qui pourrait peut être intéresser d’autres associations ou structures dans la Salsa. Bref, bonne lecture.
1- Peux-tu te présenter ?
Christopher KEO, trentenaire, (plus trop) jeune entrepreneur, consultant en affaires et en innovation digitale. Fondateur et dirigeant d’une Agence de conseil en communication innovante, co-fondateur et président de l’association BECOZE, éditeur de Coze Magazine dont je suis également coordinateur technique, du Hoplawards entre autre.. On a l’essentiel 🙂
Mon travail consiste (grosso modo car c’est plutôt complexe à détailler) à donner la direction stratégique de projets, d’accompagner des associations, entreprises de toute tailles, collectivités également, dans l’optimisation de leurs affaires notamment à l’aide du passage au numérique et l’accès aux technologies innovantes. De piloter la production de nouveaux outils ou de campagnes, puis de donner les clés permettant la gestion quotidienne d’un projet, de manière optimisée. (pfiouu..)
Ma maitrise des nouvelles technologies depuis de longues années et des affaires (création/direction de plusieurs projets nationaux et internationaux, et d’agences sur 10 ans), allié à une veille constante des codes de communications et marketing, me permettent de guider les personnes avec qui je travaille dans les directions adéquates et donc d’adopter les meilleures pratiques qui amènent un projet à sa réussite.
Ca c’est pour le côté pro, sinon pour le côté perso, que dire si ce n’est que je n’aime pas trop parler de moi j’ai l’air plutôt introverti et difficile à saisir mais quand on me connait bien on dit de moi que je suis quelqu’un de généreux, ouvert, dynamique, spirituel.. J’ai une soif de connaissance sans limite, pour ainsi dire je m’intéresse à tout ce qui peut t’intéresser, rien que pour qu’on puisse échanger, discuter et s’élever 😉
Il parait aussi que j’écris beaucoup de pavés pour des questions très courtes.. Je crois qu’on n’échappera pas à la règle… Je vais donc à défaut d’arriver à être court, essayer de ne pas être ennuyant.
2- Peux-tu nous raconter (enfin surtout pour le public) comment tu en es venu à la Salsa ? As-tu eu des surprises en découvrant le milieu ?
J’ai rencontré Siavach il y a maintenant quelques années par l’intermédiaire d’un ami commun avec qui nous débattions de tout et de rien (mais surtout de rien). Je côtoyais donc le monde de la Salsa sans m’en rendre réellement compte et sans même m’y intéresser. C’est à travers les discussions avec Siavach qui a appris à découvrir mes connaissances et compétences à travers mes projets et nos discussions que les choses se sont faites.
Salsa Loca avait pour but de devenir une des, si ce n’est la meilleur association de Salsa à Strasbourg et dans la région, en tout cas la plus active et innovante. Siavach m’a donc proposé d’accompagner l’association dans cet objectif précis qui était déjà bien entrepris. La mission était possible notamment à l’aide d’un projet numérique complet intégrant le nouveau site internet salsaloca.fr ainsi qu’une toute nouvelle stratégie de communication Web. Notre objectif était notamment et assez rapidement d’être premier sur Google sur la requête « Salsa strasbourg », puis d’animer la communauté Salsa et les adhérents via les outils Web, Blog et réseau sociaux.
J’ai évidemment été très surpris par de nombreuses choses dans le milieu Salsa. En voici une liste non exhaustive
– Niveau très faible graphiquement, les flyers, affiches utilisent des codes de communications pour la plupart dépassés – Peu d’acteurs ayant bien pris en main les nouveaux outils numériques et réseaux sociaux. Aucun n’a de stratégie de communication Web concrète et démarquée – Très peu d’activité sur le Web autour de la Salsa, tant niveau rédactionnel (journalisme/interview/chroniques), qu’en terme de contenu utile, photos/vidéo, agenda, réseau sociaux et community managementMais j’ai été aussi surpris positivement par de nombreuses choses
– Le dynamisme de Salsa Loca qui était investi dans de nombreux projets internes sur toute la saison, et animé par cette envie de faire avancer le milieu Salsa et de réussir à faire une place et un nom à la hauteur du travail réalisé – L’affluence des adhérents et le dynamisme, le Smile des danseurs (et surtout des danseuses :D) et l’engouement pour cette danse qui m’était quasi inconnue. Je m’imaginais un truc de vieux espagnol moustachus habillé en collant tutu bien cliché (j’abuse un peu volontairement) et je me rend compte qu’en fait c’est un monde super, pour échanger, se dépenser, faire des rencontres, s’amuser, et apprendre à bouger son corps au rythme de la Salsaaaaaa. Bon je dis ca mais je n’ai pas tenté de danser une seule fois depuis le travail avec l’association. C’est la honte j’avoue.. Peut être un jour…Il y avait donc une grosse différence entre l’image dégagée par la Salsa, notamment avec ses codes de communication vieillots / travail des acteurs, Et la réalité ! C’est-à-dire des danseurs de tout âge, et une communauté non animée, mais certainement pas morte ! Les gens n’attendent que de vivre pleinement leur passion qu’est la Danse Salsa. Et cela passe par l’engagement dans les outils modernes. Et la création de contenus. Il ne manquait qu’un acteur ayant conscience de tout cela pour mener le bâteau à bon port.
3- Que penses-tu après 1 an et demi de notre internet ? As-tu douté à un moment du bien fondé de tes conseils ?
Il est déjà dépassé ! Il faut en repayer un autre ! (AHAHA). Plus sérieusement (même si je suis sérieux en fait..), je pense que le travail réalisé sur l’année a été très bon sur le contenu. J’ai rarement vu des clients et des chefs de projets aussi investis sur leurs outils que Siavach et Fatih.
Je n’ai personnellement jamais douté de mes conseils mais je vous ai senti douter à quelques reprises (surtout Fatih ndlr.) jusqu’à en comprendre finalement la portée une fois les choses mises en place et de constater les résultats escomptés. Il n’était pas difficile de savoir quoi faire pour arriver à être « premier » étant donné que les « concurrents » et autres associations étaients quasi inactives online, mais l’objectif pour moi était bien plus haut. Celui de tirer l’association directement aux habitudes quotidiennes qui mènent à la réussite. C’est-à-dire l’animation constante de sa communauté et ses adhérents, pour dynamiser celle-ci, la proposition de contenus riches comme des photos, vidéos, interview, articles, chroniques, etc. et débats piquants, buzz, permettant de réveiller la communauté. L’utilisation de tous les outils innovants et facile à prendre en main. Mon rôle a été également de former donc Salsaloca a la prise en main de ces outils.
Sinon, en effet le site pourrait avoir besoin d’un refresh graphique et d’une mise en avant de nouveaux contenus vidéos. Car 2016 sera l’année de la vidéo 😉
4- As-tu une anecdote à nous raconter ?
Comme ca non, rien ne me vient… pourtant on en a vécu des trucs droles 😉 En fait les anecdotes que j’ai sont surement trop sensibles pour que je puisse me permettre lol, donc je dis Joker.
5- Avec le recul que ferais-tu différemment ?
Je pense sincèrement que le mieux qui avait pu être fait a été fait. Il y a toujours possibilité de mieux faire, mais la question est surtout de savoir d’où on part, et avec quels moyens.
Les moyens investis par salsa loca était déjà considérables par rapport au dynamisme du marché Salsa, mais encore loin d’un budget de projet de grande envergure et employant donc directement tous les derniers codes et technologies innovantes. Il y a donc énormément de choses qui ont été apportées, et surtout au niveau stratégique de communication web.
L’exemple concret que j’ai en tête est une application Mobile. Il aurait été sympa de proposer un tel outil aux danseurs strasbourgeois, avec des articles sympas, des vidéos, photos, etc. mais le coût de création et de maintenance d’une telle application n’est finalement pas très rentable vu le peu d’utilisateurs réels et potentiels. Le choix finale a donc été d’adopter un site responsive/hybrid permettant d’être lu sur tel mobile !
Avec un peu plus de budget sinon, je pense qu’il aurait été intéressant d’attribuer un graphiste pro sur l’année pour les différentes créa graphiques afin d’avoir encore plus de cohérence autour de l’identité Salsa Loca.
6- Quel conseils tu donnerais en générale en tant que spécialiste web à ce milieu ?
Considérer que c’est un milieu spécial qui comprend des jeunes, des moins jeunes, des vieux, donc ne pas nécessairement chercher à être trop moderne graphiquement (et donc souvent trop jeune, car les codes innovants visent jusqu’à maximum 25ans en général), mais travailler la cohérence et la stratégie de communication Web.
Pour réussir il faut être actif et marquer une présence hebdomadaire voir quotidienne. Travailler les éléments graphiques et surtout la photographie qui est un vecteur visuel primordial dans la danse.
Animer la communauté Salsa et se placer en tant qu’acteur actif au sein de celle-ci. Fédérer, créer de la « concurrence » positive et dynamiser le milieu à l’aide de pratiques modernes.
7- Des conseils pour ceux qui se lancent ?
Même réponse que précédent pour ce qui est dans la stratégie à adopter.
Pour ceux qui se lancent dans l’expérience digitale de façon plus concrète, je conseille :
– de se faire suivre par quelqu’un d’expérimenté (attention beaucoup d’escrocs aussi dans le milieu !). Quelqu’un qui a déjà l’expérience de projets innovants pourra plus faciler vous guider.– d’y consacrer un certain budget. Les solutions de type gratuite, ou « je connais le pote d’un pote à mon frère qui peut créer un site pas cher voir gratuit », finissent souvent par mener à rien ou à du temps et de l’argent perdu. Il faut considérer investir un minimum pour y arriver. Ne serait-ce que par exemple dans le matériel (coût d’un DSLR ou appareil photo de qualité pro) pour citer un exemple autre que le Web, et dans du graphisme et du conseil bien placé !– de réaliser que tout cela prend du temps ! Si vous n’êtes pas prêt à investir du temps sur le projet et à faire le nécessaire pour comprendre le comment du pourquoi, cela risque d’etre une expérience ratée. Mon travail a surement été essentiel dans la réussite de Salsa Loca, mais la curiosité, la confiance, puis le travail quotidien de Siavach et Fatih est inconsidérable ! Cela représente des heures astronomiques de tafs. La PASSION, plus qu’essentielle, est donc primordiale..