1- Bonjour, pouvez vous présentez le groupe Mura Peringa?
‪Nous sommes 9 musiciens passionnés par les musiques latines. ‪Nous reprenons des classiques et perles rares tirées du patrimoine musical latino-américain: Salsa dura, Chachacha, Merengue, Cumbia, Bolero, Rumba cubaine, thèmes de carnaval, etc. ‬Dans la forme, notre groupe ressemble à un orchestre de musiques cubaines, avec les mêmes instruments et un air de famille nombreuse : l’ampleur idéale pour faire vivre intensément au public ce qui se dégage de cette chaleureuse musique. On est tous nés en France, on a appris le solfège et un premier instrument enfants, ou adolescents, et un jour on est tombé dans la Salsa. On y est donc arrivé par la musique, sans connaitre la dimension expression corporelle qui répond à ces musiques. La danse Salsa en France, son microcosme d’associations et son univers de mordus aux sourires indécrochables, de sueltas, mano à mano et de ruedas, on a découvert ça que plus tard, lorsqu’on a rencontré des danseurs qui curieux venaient nous voir à nos premiers concerts.
2- « Mura Peringa », D’où vous vient ce nom ?
Il vient d’une rencontre avec un Marqueteur qui avait dans ses tiroirs toute une palette de bois du monde entier. « Muraperinga » est une essence d’arbre provenant d’Amérique. La musicalité de ce nom nous a inspirés, mais le concept de l’arbre est aussi porteur de sens par rapport à ce que nous jouons : nous nous inspirons beaucoup des autres, à la façon d’un arbre qui puise dans un patrimoine musical son énergie, et nous sommes des passeurs. À partir de cet héritage, on recrée cette musique avec notre pâte, et chaque style et chaque époque dont on s’inspire est comme une branche de cet arbre. Cela nous plait de porter le nom d’une essence d’arbre ligneux, car on a un goût marqué pour la Salsa Dura, un style énergique et sanguin qui résolument « envoie du bois » !
3- Comment définirez-vous votre style et quelles sont vos influences ?
La ‪Fania et ses affiliés pour la salsa dura, mais aussi des choses plus roots et traditionnelles, de la rumba cubaine et du carnaval, que nous essayons de travailler pour bien s’ancrer dans la terre, varier les plaisirs et jouer dans la rue.‬ Toutes ces musiques qui nous inspirent et que l’on regroupe sous le terme « Salsa » ont un lien fort avec des bases posées par des musiciens cubains au siècle dernier. Le son de Sierra Maestra, Afro-cuban All stars ou Irakere est pour nous une référence forte, énergique, à la fois moderne et profondément imprégnée d’héritage. Hors de Cuba, on peut citer Calle13, dont la musique engagée prouve qu’on peut éviter les clichés « Latino vu de l’Europe » (ou du moins en rire) et développer une musique actuelle qui marie contemporanéité et ancrage latino-américain. Nos sources sont très large, Salsa colombienne et du vénézuélienne, Cumbia, Plena, Timba, Bomba, Compa, Reggae, Latin-jazz, Funk, Hip-hop, Electro, musique balkanique et d’Europe de l’est et musique classique aussi. Tout ça a bercé pas mal de membres du groupe, même si ça ne se retrouve pas directement dans ce qu’on joue en Live. Tous les membres de Mura Peringa jouent au sein d’autres projets musicaux qui abordent d’autres univers, et ça nous enrichit aussi ! Scéniquement, et pour en revenir à la Salsa, on est toujours resté scotchés devant les prestations de Yuri Buenaventura, qui à nos yeux s’inscrit dans la lignée du jeu d’ Oscar D’Leon. Des bêtes de scène, dont le jeu avec les choristes est servi par des chorégraphies très narratives, parfois humoristiques mais toujours impressionnantes. Voilà pour nos influences, ça brasse large !
Définir notre style ? Ce qui nous caractérise, c’est la notion de collectif. On est pas dans le format scénique du chanteur lead servi par son orchestre. Chacun est mis en avant tour à tour au fil des morceaux, cela permet de plonger le public dans des ambiances qui sont autant d’escales d’un voyage en Amérique latine, auquel on l’invite.
4- Pensez-vous que le public Salsa à Strasbourg est réceptif à votre envie de partage ?
Par public Salsa, je pense que tu entends « les danseurs », qui se retrouvent pour danser au mano à mano jusqu’au bout de la nuit ! Oui, on connait quelques fidèles qui nous suivent, et on voit que de plus en plus de monde apprécie de venir danser en concert. Nombreux sont ceux qui fréquentent les écoles de danse et soirées salsa à travers la ville et ses environs, Il y a plusieurs milliers de danseurs dans la région, une vraie scène locale ! On a surement pas rencontré tout le monde, mais la plupart des danseurs qu’on a pu croiser apprécient visiblement de danser sur de la musique Live, ce qui n’est finalement pas si fréquent dans le coin !
5- Pouvez vous nous parler de votre évènement du 8 mai prochain ?
On a fini en 2014 un album CD 8 titres que l’on vient de recevoir. Pour fêter la sortie du CD, on organise un grand concert au Molodoï à Strasbourg. On invite un deuxième groupe de Salsa qui s’est créé tout récemment à Strasbourg : Directo Caracas. On tenait également à inviter des représentant de la scène danse locale, c’est pourquoi on a pensé à Los Locos, dont le show « Mort ou Vif » nous semble un bel exemple d’appropriation créative et humoristique des codes de la Salsa cubaine. Il y aura une démo de Mambo / Salsa à la New Yorkaise par l’association En bal, et vous ?, surement une des plus anciennes associations de danse à Strasbourg. Aux platines, le groupe a choisi Nadia la Hermana pour animer l’after-concert !
Cette soirée est un défi pour nous car, en général, nous jouons sur des scènes produites par des mairies, des salles culturelles, des festivals ou des cafés-concert. En 2012, on avait organisé notre premier concert en plein-air, Salsa verde, dans un esprit proche des « Salsa Docks de Salsa Loca »: emmener la Salsa « Hors les murs ». Le 8 mai au Molodoï, l’idée est d’organiser une belle soirée, pas chère (5 euros pour 33 artistes !), dans une salle populaire et grand public. Il y aura des danseurs bien sûr, mais pas seulement, et c’est là tout le défi : faire se rencontrer plusieurs univers socio-culturels.
Pour ceux qui souhaitent venir, les places de la soirées sont en prévente sur le site http://www.kisskissbankbank. com/mura-peringa.
L’entrée est à 5 euros, avec une boisson offerte uniquement prévente. Si vous voulez l’entrée + un album CD, il y a un pack à 13 euros avec une boisson offerte aussi.
Petit extrait en écoute :
6- Vous avez d’autres dates ? quels sont les évènements à venir pour vous ?
On est en train de réfléchir à l’organisation d’un nouveau Salsa Verde (concert en plein air au Parc de l’Orangerie) pour juin 2014, en espérant que le beau temps sera clément avec nous. On aura aussi deux concerts programmés les 21 Juin à Marckolsheim et le 27 Juin à Fegersheim. On aimerait organiser un concert Salsa en 2015 à l’Espace Django Reinhardt au Neuhof, avec une après-midi initiation danse grand public, mais c’est un peu tôt pour en parler plus précisément !
7- Que peut-on vous souhaitez pour l’avenir ?
On aimerait continuer à développer les échanges qu’on construit avec les danseurs locaux : plus de soirées pour que musiciens et danseurs se rencontrent. C’est un des soucis de la musique enregistrée et de l’ère des Djs : tu écoutes des sons du monde entier, mais tu ne vois que rarement les musiciens… En tant que musicien, quand tu te retrouves à jouer devant une myriade de danseurs au mano à mano, tu as des sensations uniques, parfois on se demande qui est sur scène ! On a des souvenirs magiques comme ça : une Suelta générale lancée par Sabrina et Hervé (big up à eux) durant le premier concert Salsa Verde, des Ruedas tornades montées sous nos yeux ébahis à Lampertheim en 2011 lorsqu’on avait été invités à jouer par l’asso Passions partagées pour leur festival. Le plaisir qu’on a de jouer pour les danseurs, on souhaite le conserver et le pousser plus haut encore ! Tout comme la danse est l’apprentissage d’une vie, la musique est un long chemin, et on espère que nos routes vont continuer à faire des pas croisés.
Pour finir on a un fantasme : faire de la Salsa en France une musique demandée et appréciée du grand public, d’où l’idée d’organiser notre soirée de sortie d’album au Molodoï et des concerts dans les parcs. On aimerait que cette dynamique Salsa qu’on tente d’insuffler s’inscrive comme un élément du paysage musical strasbourgeois. Quant on aura mûri ce projet et trouvé les moyens pour y parvenir, on pourra penser à s’exporter hors de l’Alsace.
8- Un petit conseil pour les amateurs de Salsa ?
‪N’hésitez pas à écouter tous les styles et à vous affranchir des figures imposées (au sens propre et figuré !)‬. Et organisez un colloque pour nous expliquer l’idée répandue parmi les danseurs de la division du monde en Salsa « portoricaine » et salsa « cubaine ». Cette vision bipolaire est mystique à nos yeux, on a eu beau demander à moult danseurs et Djs , on a toujours pas compris votre point de vue ! Comme quoi on gagnera vraiment à partager ensemble nos perceptions et nos approches respectives.
Rendez-vous le 8 Mai : « Estrasburgo tiene su Salsa » !
Mura Peringa